Friday, November 11, 2011

UNESCO : Nalbandian dénonce la sauvagerie d'Azérbaijan

Au cours de la 35e session de la Conférence générale de l’UNESCO qui s’est tenue à Paris cette semaine, le ministre des Affaires étrangères de la République d’Arménie, Edouard Nalbandian, dans son discours du 7 octobre, a abordé le thème de la préservation du patrimoine culturel.

"Il y a une excellente coopération avec la République islamique d’Iran, qui prend bien soin des monuments arméniens situés sur son territoire. La preuve vivante de ce qui précède est l’introduction du monastère de Saint - Thaddée dans la Liste du patrimoine mondial sur suggestion de l’Iran ", a déclaré Edouard Nalbandian dans son discours officiel aux délégués.

Toutefois, le ministre s’est plaint du défaut de coopération avec certains des autres voisins de l’Arménie : l’Azerbaïdjan, en particulier. En fait, plutôt que de parler de coopération, il y a démolition de précieux héritages architecturaux." a-t-il déclaré.

« Une épreuve douloureuse fut la démolition de monuments, comme l’anéantissement du séculaire Djougha (Djoulfa), un cimetière du Nakhitchevan, avec ses dizaines de milliers de khatchkars de pierre délicatement sculptés, datant du 9ème au 16ème siècles ...

« Il n’y avait pas de guerre dans les années comprises entre 1998 et 2005 lorsque des milliers de ces sculptures géantes ont été renversées, entassées dans des wagons de chemin de fer et charriées sous le regard vigilant du gouvernement azerbaïdjanais. En 2005, ce joyau culturel énorme a été rasé, nivelé et transformé en un terrain d’entraînement militaire par un gouvernement qui a dirigé l’opération. "

Poursuivant, Nalbandian a indiqué que l’église arménienne du Nakhitchevan datant du 7ème siècle, a été démolie en 1975 au cours d’une période sans guerre, et sans aucune raison autre que « d’effacer la mémoire des Arméniens qui constituaient une majorité il y a seulement quelques décennies ».

Il a conclu son discours en indiquant que l’Arménie s’emploie à la protection des valeurs culturelles et universelles pour tous les peuples. « L’Arménie accorde à cet effet une haute priorité à la protection des valeurs culturelles internationales.", a-t-il dit

« L’engagement de l’Arménie dans la protection et la promotion des droits de l’homme et la diversité culturelle est bien réelle. La diversité culturelle et la protection des monuments sont particulièrement importantes pour les peuples qui ont érigé un monument au-delà des frontières nationales, dans les pays du monde entier et particulièrement dans notre région."

Malheureusement, depuis 1998, année du début des profanations, rien de très concret n’avait été sérieusement entrepris pour mettre un terme au vandalisme et à la destruction du cimetière médiéval.

En 2006, après la diffusion d’un film vidéo tourné depuis la frontière iranienne, montrant les soldats azéris à l’oeuvre, le Parlement européen a adopté, en février, par 86 voix contre 5, une résolution " condamnant fermement la destruction " [...] et demandant" à l’Azerbaïdjan de permettre des missions dévolues à la surveillance et à la protection du patrimoine archéologique sur son territoire, spécialement du patrimoine arménien " [...] ainsi que de " permettre à une délégation du Parlement européen de visiter le site archéologique de Djoulfa ".

Le 16 février 2006, la secrétaire du Département d’État, Condoleezza Rice, enverra une réponse écrite à Grace Napolitano (Démocrate de Californie), reconnaissant la sensibilisation des États-Unis aux « allégations de profanation des monuments culturels » et priera instamment l’Azerbaïdjan de « prendre les mesures appropriées pour éviter toute profanation des monuments culturels", encouragant l’Arménie et l’Azerbaïdjan à travailler avec l’UNESCO pour enquêter sur l’incident.

Rien ne sera entrepris en ce sens, sous le refus obstiné de l’Azerbaïdjan. Le président Aliev, lui-même déclarera à Associated Press que les rapports de la destruction sont "un mensonge éhonté, des informations calomnieuses, une provocation."...

Un mois plus tard, soit le 16 mars 2006, l’Arménie a adressé, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, M. Vartan Oskanian, une plainte officielle étayée de photos et de documents à l’attention du directeur général de l’UNESCO, M. Koïchiro Matsuura. Sans suite.

Dans le même temps, Matthew Bryza, alors sous-secrétaire d’Etat adjoint, déclarera à ce propos : "Nous espérons que les coupables seront justement punis."

Au mois d’août 2005, Steven Sim, un architecte écossais, avait constaté sur place les dégats, les qualifiants de pure sauvagerie.

Ce n’est que le 17 octobre 2006, qu’une action internationale, diligentée par le groupe parlementaire Suisse-Arménie, placera l’UNESCO face à ses devoirs, avec le soutien de Charles Aznavour.

Reçue par Koïchiro Matsuura, la délégation lui remettra un Mémorandum ainsi qu’une documentation exhaustive traitant du crime perpétré dans le cimetière médiéval arménien par l’armée Azérie, recommandant, entre autres, la mise en place d’une enquête internationale, dénoncer ouvertement la destruction du site de Djoulfa et la construction d’un mémorial chrétien sur le site.

Le Mémorandum prévoyait également que si l’Azrbaïdjan ne répondait pas à ces recommandations de la délégation parlementaire internationale, elle demandera son exclusion de l’UNESCO.

Reçue très diplomatiquement par le président de l’UNESCO, la délégation en ressortira, sans assurance de sa part.

Rien ne sera exécuté.

Ce cimetière arménien d’une valeur patrimonique inestimable, fort de 10 000 merveilleux Katchkars, réduit à 2000 en 1998, a été effacé de la surface de la terre sans qu’aucune instance internationale n’ai pu y mettre un terme et sans sanction infligée à l’État fautif.

Cette année là, Edouard Nalbandian était ambassadeur d’Arménie en France.

Jean Eckian